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Cette série a été produite en 2020 lors du premier confinement. A cette époque j'occupais encore un emploi comme travailleur social dans un hôpital du centre ville de Bruxelles. Cela faisait plus de 20 ans que je travaillais dans le champ de la santé mentale et de la psychiatrie, celui de la grande folie et de la précarité. Cela faisait plus de 20 ans que je voyais le secteur des soins de santé, au même titre que l'éducation et la culture, se précariser faute de subventions suffisantes. Cela faisait plus de 20 ans que nous alertions de la fermeture des lits, de l'impossibilité qu'était celle de l'hôpital de continuer à faire soin, à faire abri. 20 ans de luttes, de manifestations, pour rien. Et puis est venu le temps du COVID. Chacun, chacune avons craint pour notre santé. Par cette peur qui engageait notre pronostic vital, l'opinion publique prenait conscience de la nécessité d'avoir des lieux de soins accessibles au plus grand nombre. Cette peur produite à conduit les gens, chaque soir, à 20h, sur leurs balcons afin d'applaudir le personnel des soins de santé. C'en était trop. Cette prise de position individualiste et égocentré, avec 20 ans de retard, n'était en rien d'un mouvement social luttant pour assurer l'accessibilité à des soins de santé qualitatifs pour toutes et tous. L'opinion publique s'indignait du manque de prévoyance du politique mais aucunement du fait que cela faisait plus de 20 ans que le système des soins était méthodiquement détricoté par une logique libérale et managériale. Alors s'est posée la question de l'indignation: quel est ce processus individuel qui conduit à l'indignation ? Répondre à cette quesiton engageait également de répondre à la quesiton de l'information et de la communication, de la place de la presse. Dans cette série j'ai donc associé des photos de presse, que j'ai reproduites par le dessin afin qu'elles quittent l'actualité et le fait divers pour prendre un caractère intemporel et universel. Transformer ces photos en oeuvres d'art afin de les engager dans une temporalité qui dépassait le fil d'actualité. J'ai ensuite associé des photos de presse liées au COVID à d'autres événements ayant conduit à l'indignation ou à l'absence d'indignation, en réinterrogeant les mécansimes qui y conduisent ou pas. Le génocide rwandais par sa proximité dans le temps, nous en gardions des traces mais est-ce qu'il en était de même de la déportation des familles sino-américaines suite au bombardement de Pearl Harbor ? En était-il de même pour les déportations liées à l'implosion de la Yougoslavie alors que les déportations des enfants juifs sous le régime nazi méritait notre indignation ? Quelle violence pour quelle indignation ? La violence de l'ignorance ? De l'oubli ?

Indignation.

"Ce n'est pas chose aisée d'être pleinement ancré dans l'instant présent"

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